Du mythe à la réalité : l’île de Pâques

Il existe dans un océan éloigné un mythe qui fait toujours sourciller les plus grands cerveaux scientifiques et qui remet en question les faits. Ce mythe est vivant et, en sa qualité de territoire parmi les plus isolés de la planète, dur d’y voir clair entre les expositions muséales qui traitent du sujet, les cinéastes qui se sont risqués à le décortiquer sans compter tout le bric-à-brac décoratif et littéraire qu’ont inspiré, pour le meilleur et pour le pire, ses vestiges archéologiques.

Ce mythe, c’est l’île de Pâques !

En novembre dernier, j’ai eu l’occasion d’y mettre les pieds au cours d’un voyage qui s’avéra être une véritable leçon d’humilité. Récit de ce vécu, en mots et en images, en mythes comme en réalités.

Module PIle de Pâques em bas

Après un survol du Pacifique de près de 6 heures au départ de Santiago du Chili, nous entamions notre ultime descente et je vis apparaître simultanément le début et la fin d’une piste d’atterrissage tous deux bordés par l’océan – était-ce là toute la largeur de l’île? Puis, un troupeau de nuages qui s’en allait jouer gaiement ailleurs au-dessus du Pacifique l’a dévoilé dans toute sa verdure et ses vallons : l’île de Pâques. Vague de frissons me parcourant le corps : nous y étions enfin !

Quelques instants plus tard, mes pieds la foulaient pour la première fois, sur la chaleur de la piste bitumée. Sitôt douane passée et valise récupérée dans ce petit aéroport aux accents polynésiens, sitôt collier de fleurs passé au cou. Vous étiez désormais à la maison tout en n’ayant jamais été aussi loin de chez vous, déjà envoûté par la remarquable hospitalité des habitants.

Au cours d’un bref transfert vers l’hôtel, je me mis à songer à ce que j’avais lu et relu dans l’aéronef :

« 

Découverte par un navigateur hollandais, celle que l’on appelle également Rapa Nui, apparue à l’horizon d’une certaine caravelle, un certain jour de Pâques 1722. On y réfère en utilisant l’une ou l’autre des appellations encore aujourd’hui bien que Rapa Nui soit celle qui soit privilégiée par les insulaires. L’Île de Pâques fait partie du triangle polynésien en tant qu’extrémité orientale de celui-ci, triangle qui est complété par l’état américain d’Hawaii et la Nouvelle-Zélande. Conséquemment, outre un espagnol à l’accent très chilien, on parle sur l’île une langue de la famille polynésienne également appelée rapa nui et dont les origines se calculent en millénaires.

À plus de 4200 km de la Polynésie française et de 3800 km des côtes chiliennes, ce petit écrin de volcanisme mesure 24 km de long par 12 km de large. Ainsi, il n’en faut pas plus d’une demi-heure pour la traverser entièrement du nord au sud sur la seule route pavée reliant ces deux points cardinaux.

 »

Voici donc pour les faits en rafale et les présentations d’usage, mais sur l’île c’est comment?

Chili - île de pâques3

Commençons par la petite ville de Hanga Roa, chef-lieu de l’île où habitent tous les quelque 6000 résidents. Vous avez bien lu « tous », car Hanga Roa est la seule ville de Rapa Nui et c’est par conséquent le seul endroit où l’on peut résider. Vous aurez donc compris que c’est à Hanga Roa que se trouvait mon hôtel ainsi que toutes les auberges, gîtes, terrains de camping et autres formes d’hébergement de l’île.

Pour se situer, il faut savoir que la ville se trouve confortablement enclavée d’un côté par le parc national Rapa Nui qui couvre pratiquement tout le reste de l’île et de l’autre par le Pacifique venu pousser les dernières notes de ses vagues sur les rivages volcaniques.

Sur deux grandes artères commerciales parallèles au front de mer s’entassent boutiques, cafés, restaurants, écoles, marchés, échoppes d’artisanat, hôtels et tutti quanti.

Une troisième artère vitale partant de l’église paroissiale – d’ailleurs ravissante – descend quant à elle sur un axe vertical vers l’océan et la petite crique qui sert de port à la ville. Cette même artère est également bordée de boutiques de plongées, boulangeries, garages et d’une petite place où s’entassent, à toute heure du jour, locaux et touristes pour profiter du réseau sans-fil gratuit qui s’y trouve, l’un des rares de l’île.

L’ensemble est caractérisé par un calme déstabilisant qui ne peut qu’inviter à adhérer au rythme de l’île. Devant le marché municipal, tout le monde se salue en s’envoyant un chaleureux Iorana flanqué d’un honnête sourire. Ici, passant devant ce café, l’agente de bord qui m’a servi dans l’avion est attablée un latté à la main et m’envoie la main en me reconnaissant, là une joyeuse ribambelle d’écoliers font la queue devant l’unique bureau de poste de l’île pour envoyer leurs vœux d’amour pour Noël non pas au Père Noël… mais à leurs parents!

Sans mot devant autant de telles scènes auxquelles nous ne sommes plus habitués en Occident, je sens le besoin de m’asseoir quelques instants pour digérer ce TGV d’allégresse qui vient de me rouler dessus. En dégustant une empanada arrosée d’un jus frais pressé de fruit de la passion, je me dis, tout en avalant cette vie qui m’entoure du regard, que je trouverai sur cette île beaucoup plus que ce que je suis venu y chercher.

Statue Île de Pâques (3)

Le lendemain, revigoré par une bonne nuit de sommeil, c’est une journée d’excursion qui nous attend moi, une bonne cuvée d’Américains, quelques Allemands vêtus à l’Indiana Jones et un Polonais bien loin de chez lui. Nous avons aujourd’hui rendez-vous avec la portion nord de l’île. Cap donc, sur la route du littoral.

Si tôt sorti de Hanga Roa, le paysage change radicalement : les constructions sont presque inexistantes et la route se met à serpenter de façon à épouser le littoral rendant le décor fort idyllique. Imaginez-vous toute la côte rocailleuse d’un noir charbon profond où la mer déferle toute sa puissance azur-turquoise avec insistance pendant que derrière, dans des étendues d’un vert qui pourrait être celui de l’Irlande, se déplacent au galop des centaines de chevaux sauvages dans toute la grâce que l’on connaît à l’animal.

Partout. Tout le temps. Le même décor d’outre-monde. Le spectacle est saisissant, la nature est maître et tous sommes silencieux d’ébahissement devant la majesté de l’endroit.

Autre source d’émerveillement : depuis notre sortie de la ville gisent de tous côtés ces gargantuesques statues emblématiques appelées moais en langue rapa nui. Le guide nous explique qu’elles sont au nombre de 887 sur l’île et que les Pascuans partagent leur quotidien avec elles tant elles sont omniprésentes. Sur un site, on les voit partiellement ensevelies dans le sable, sur un autre une quinzaine d’entre elles trônent fièrement sur leur plateforme – appelées localement ahu – tout en ayant le regard tourné ver le cœur de l’île. Çà et là, elles reposent dans l’herbe exactement au même endroit où les insulaires les laissèrent lorsqu’ils décidèrent, aux dires des historiens, d’abandonner leur réalisation et leur vénération à une époque lointaine. Bien sûr, tout cela est un mythe risquant de ne jamais être résolu et en cela réside toute la beauté des choses.

plage rapa nui île de pâques en bas

Progressant dans l’île, nous parvenons, sillonnant la route entre volcans éteints et vestiges archéologiques, à l’extrémité nord de Rapa Nui loin de nous douter que nous nous apprêtons à y graver les plus belles images de notre séjour. Cette extrémité se nomme Anakena et comporte une magnifique palmeraie aux dimensions indescriptibles et à l’ombre desquels les habitants se prélassent en famille, profitant des plaisirs d’un dimanche ensoleillé. Au pied de cette palmeraie se trouve la seule plage de l’île, une plage au sable farineux d’un blanc immaculé à faire jalouser les Caraïbes entières. Et sur cette plage léchée par les eaux cristallines du Pacifique se dresse une série d’énormes moais splendidement conservés par le temps, confortablement lovés dans cette petite anse bordée de falaises verdoyantes.

Au cours d’un échange au sein de notre petite confrérie de voyageurs, les pieds bien calés dans le sable, un constat s’impose à l’unanimité : l’île de Pâques est bel et bien un mythe tant il y a de choses inexplicables en ces lieux, mais par les yeux, les sens et les souvenirs, ce mythe nous est désormais devenu réel.

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